Place du dessin et de la peinture

Naissance du dessin

Il y a naissance du dessin, comme il y a une première dent, comme il y a un premier mot... Le dessin est dans le temps, il est un symptôme, il est un événement, il est un fait psychique, il est une prise de conscience.
Dès que l'enfant dit : « - Je veux faire une poule - ou un bateau... » il a fait son premier dessin... , car le dessin est une décision de représentation ou d'expression. Ce dessin appartient tout entier à ce pouvoir essentiellement humain de projeter en dehors de soi une image intérieure, de donner issue et corps à une idée.
L'éducation consiste donc à placer l'enfant, par rapport au dessin, sur le plan de la prise de conscience des fins.

Germaine Tortel

Le dessin, vie intérieure

Ce qui compte surtout dans le dessin d'un enfant, ce n'est pas la qualité artistique du rendu, c'est le dynamisme de l'œuvre, c'est cette dialectique de l'intention aux interprétations successives, c'est toute cette prolifération interne des essais intégratifs... Comme, dans une composition française, somme toute, ce n'est pas la copie telle que la découvre le professeur, mais ce brouillon raturé, et plus encore, ces actes initiaux dont les ratures et les mots écrits ne rendent pas suffisamment compte. Le meilleur professeur n'est jamais celui qui s'exprime le plus brillamment, le plus clairement, c'est celui qui pense et qui s'arrête, qui hésite et dont la pensée sécrète une inquiétude humaine, une âme qui s'éprouve et s'essaie. A ce spectacle d'une recherche troublée, voilà que je m'émeus.
Ce qu'il faut étudier dans le dessin d'enfant, c'est ce cheminement, c'est ce silence des lignes, cette incomplétude, ces abandons de la voie initiale.

Germaine Tortel

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